• « Un été à Majorque » - roman de Llorenç Villalonga, traduit du catalan par R. Carrasco et J. Serra

    Extraits et Citations.

    Dans toutes les géographies descriptives que j’ai consultées j’ai trouvé, à l’article Baléares, cette courte indication : « Ces insulaires sont fort affables ». On sait que dans toutes les îles la race humaine se classe en deux catégories : ceux qui sont anthropophages et ceux qui sont fort affables. Georges Sand.<o:p></o:p>

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    L’on sait que Georges Sand, à Majorque, voyait partout des Maures. Les portails à claveaux et les fenêtres à meneaux venus d’Europe avec le style gothique, lui semblaient aussi « maures » que les culottes typiques et les chapeaux à larges ailes de nos paysans.<o:p></o:p>

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    Elle ignorait que chez les Maures, qui n’avaient toujours pas adopté les vêtements européens, les hommes portaient de longues tuniques et des turbans, tandis qu’on réservait le pantalon aux femmes. <o:p></o:p>

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    Elle devait ignorer de même qu’ils ne vont pas à la messe, ni ne récitent le chapelet, ni ne mangent de porc, trois choses qu’elle voyait faire aux Majorquins et qui semblaient la choquer, surtout le porc : « Le fond de la cuisine majorquine est invariablement le cochon sous toutes ses formes et sous tous les aspects. C’est là qu’eût été de saison le dicton du petit Savoyard faisant l’éloge de sa gargotte en disant avec admiration qu’on y mange cinq sortes de viandes, à savoir : du cochon, du porc, du lard, du jambon et du salé. A Majorque on fabrique, j’en suis sûre, plus de deux mille sortes de mets avec du porc et au moins deux cents espèces de boudins… Vous voyez paraître sur la table vingt plats qui ressemblent à toutes sortes de mets chrétiens : ne vous y fiez pas ! ».<o:p></o:p>

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    Les habitants de Valdemossa, en revanche, voyant que Georges Sand et les siens ne mettaient jamais les pieds à l’église et s’abstenaient de manger du porc, en déduisirent -avec le plus grand fondement, il faut l’avouer- que c’étaient eux, les Maures. <o:p></o:p>

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    Lorsque Georges Sand le découvrit, elle entra, d’après ce qu’on dit, dans une grosse colère. Mais qui oserait exiger la cohérence d’un écrivain si romantique et aux idées si progressistes ? Qui oserait en demander aux oiseaux ?<o:p></o:p>

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    Le fait d’avoir découvert deux mille façons de préparer le porc et deux cents sortes de boudins, devrait plutôt sembler un titre de gloire à la cuisine majorquine : en tout état de cause, ceci devrait être la preuve qu’elle n’a rien de commun avec la cuisine mahométane. Répétons-le : les oiseaux, on les écoute chanter, mais on ne leur demande pas d’être logiques.<o:p></o:p>

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    Un siècle plus tard, un autre oiseau merveilleux était arrivé parmi les Majorquins, en la personne de Silvia Ocampo, laquelle était aussi convaincue qu’Antoni était un Maure. Elle, sud-américaine et probablement métisse, trouvait, comme Georges Sand, que les Majorquins étaient des Maures. Le cousin d’Antoni, Alfons, qui avait à peine dix-sept ans et était blond aux yeux bleus, était, d’après elle, un autre Maure.<o:p></o:p>

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    Ce qui est certain, c’est qu’il n’en avait pas encore seize ans que ses petites plumes de séraphin avaient commencé à chuter. Les gros mots qui lui avaient échappé lors de l’explosion du siphon, il les avait appris de même que d’autres que nous nous abstiendrons de rapporter, dans une université du continent. Je ne vais pas décrire la vieille ville où il faisait les études préparatoires à sa carrière, mais je dirai deux mots de la place de Romanos, à proximité de laquelle il avait son logement. <o:p></o:p>

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